Chroniques et nouvelles de Pierre Martial, écrivain-journaliste

Calcutta: le petit garçon des rues qui veut vaincre la misère avec un cahier d'écolier



Ce matin-là, Maman Puohka n'a pas eu besoin de secouer Paban, son petit garçon, pour le tirer du lit. D'ailleurs, Paban, 8 ans, n'a jamais eu de lit! Il dort à même le trottoir de Calcutta, pelotonné contre sa mère, comme plus de 100.000 autres gamins des rues.

Mais il ne se plaint pas! Il ne se plaint jamais, Paben! Parce que, selon lui, il a "beaucoup de chance"! Une "chance inouï"!
D'abord il a une maman. Ce qui est plutôt rare chez les gamins des rues.
Et ensuite - il dit cela comme s'il venait de toucher une fortune à la loterie! -, il va à l'école! Oui! Il va à l'école!! Alors que des millions d'enfants dans le monde en sont privés à cause de la misère, des guerres ou de la barbarie ordinaire.


Tout Calcutta à pied

D'ailleurs, aujourd'hui, c'est la rentrée des classes. Depuis 6 heures il est debout! Il s'est débarbouillé sur le trottoir du mieux qu'il pouvait avec un fond de seau d'eau et a enfilé ses vêtements.
Maman Puohka a essayé de le faire le plus beau possible. Elle l'a même peigné, c'est vous dire! Elle est si fière de lui! Il a été choisi parmi des milliers d'autres pour étudier gratuitement à la Model School, une école caritative des quartiers sud dont le bel objectif est de “donner une éducation de qualité à des enfants défavorisés de 5 à 12 ans”.

Paben est impatient. Il est pressé car il ne veut surtout pas arrivé en retard!
Il a tout Calcutta à traverser pour rejoindre “son” école. Il va faire le trajet à pied, avec son petit sac à dos d'écolier.
Si il ne se retenait pas, il irait en courant tellement il a envie d'apprendre!
C'est comme ça qu'il va s'en sortir, il en est sûr! Et sortir de la rue sa maman et son petit frère!


L'espoir est une arme

© D.R
Ce qu'il veut faire “plus tard“? Il ne sait pas trop. C'est difficile de se projeter quand on vit dans la rue.
En tout cas “aider les enfants des rues!“ dit-il.
Ses yeux brillent tellement fort en vous regardant. Et son espoir, sa volonté vous prennent aux tripes.

Paben, mon chéri, je te serre - nous te serrons toutes et tous - contre notre coeur et t'embrassons de toutes nos forces.
Mon infini respect à ta maman et à toutes celles et tous ceux qui, bénévoles ou missionnés, oeuvrent inlassablement, ici, là, ailleurs, afin de faire reculer la misère et l'horreur où qu'elles soient et d'où qu'elles viennent avec deux de nos plus puissantes armes: la fraternité universelle. Et l'éducation.

Pierre MARTIAL

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PS: merci à Alfred pour ses magnifiques photos et à Pascal Plisson. “Sur les chemin de l'école”



Pierre MARTIAL
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