Chroniques et nouvelles de Pierre Martial, écrivain-journaliste

“Grand-Père Palmyre“ a refusé jusqu'au bout de révéler les trésors sacrés de la cité antique.



Ils l'ont décapité à l'aube. En plein Palmyre. Juste à côté des ruines de sa chère cité antique. Il n'a pas cillé. Il n'a pas pleuré. Il les a regardés avec son sourire doux et bon, derrière ses éternelles lunettes à grosses montures. Il les a regardés bien en face. Jusqu'au bout. Pour que chacun d'entre eux sache ce qu'est le courage - le vrai! - et la résistance - la vraie! -.
Khaled al-Assaad, que certains surnommaient affectueusement “Grand-Père Palmyre” y était né, y avait vécu toute sa vie et en était devenu le plus éminent expert mondial...

Il avait refusé de fuir à l'arrivée de Daesh

“Il était la mémoire de la Cité antique, se souvient, les larmes aux yeux, Maamoun Abdelkarim, directeur des musées de Syrie.
Alors même que les djihadistes de Daesh n'étaient plus qu'à quelques kilomètres de Palmyre (Tadmor), sa famille et tous ses proches l'avaient pressé de fuir.
“Fuir, moi! leur avait-t-il répondu, indigné. Il n'en est pas question. C'est ma ville et je la défendrai jusqu'au bout!“
Directeur des antiquités de Palmyre pendant des décennies, c'est lui qui avait caché et sauvé plus de 400 pièces antiques avant l'arrivée des barbares.

Le 1 mai, ceux-ci l'avaient arrêté. Un mois de suite ils l'ont torturé pour savoir où les oeuvres les plus précieuses étaient cachées. Un mois de suite il leur a résisté sans jamais rien leur avouer.
Quand ils ont enfin compris qu'ils ne pourraient rien tirer de lui, qu'ils étaient, malgré leurs armes et leurs méthodes, finalement impuissants face au courage et à la résistance d'un seul homme, alors ils l'ont trainé au centre de Palmyre. Là, en public, ils l'ont lâchement décapité.

Droit dans les yeux

Le vieil homme de 82 ans, le résistant humaniste et le défenseur passionné de la culture qu'il était, les a regardés droit dans les yeux et jusqu'au bout, leur donnant, et donnant par là-même au monde entier, une incroyable et exemplaire leçon de courage et d'héroisme.

Monsieur Khaled al-Assaad, très cher “Grand-Père Palmyre”, je fais le serment, ici même, de ne jamais vous oublier! Et je sais, et je sens, que nous serons des millions de par le monde à en faire autant!

Quand ils entendaient le mot “culture”, les nazis du siècle dernier, sortaient leur révolver, a-t-on coutume de dire.
Ceux d'aujourd'hui sortent leurs couteaux. Sans comprendre qu'ils ne pourront jamais ni tuer ni décapiter la Culture, l'Education, la Mémoire et les Livres...
Et en oubliant comment les premiers ont fini...

Pierre MARTIAL

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Pierre MARTIAL
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