Chroniques et nouvelles de Pierre Martial, écrivain-journaliste

2ème Journée du Livre Voyageur. Pierre Martial rend hommage aux sans domicile fixe et à Malala.



Après avoir sillonné tout le Nord de Paris ces 21 et 22 mars et déposé plusieurs dizaines de livres un peu partout, au cours de ces deux Journées Internationales du Livre Voyageur, je souhaitais terminer par deux gestes forts et symboliques.

Je me suis ainsi rendu sur la “petite ceinture”, cette ancienne voie ferrée désaffectée dont un certain nombre de tronçons et de tunnels abritent une population déshéritée et cosmopolite de sans domicile fixe et de miséreux n'ayant plus rien d'autre pour s'abriter que des cabanes faites de bric et de brocs, des tentes hors d'âge et des abris de cartons et de bâches.

Ils survivent ici et là, le plus discrètement possible, se cachant à chaque patrouille et reconstruisant inlassablement ailleurs leurs abris précaires lorsqu'ils sont détruits.

J'y ai déposé le livre de Jack London, “Les vagabonds du rail“, qui raconte la tragédie des sdf de la fin du 19ème siècle aux Etats-Unis, que l'on appelait alors “les homeless“ et qui survivaient, comme ils le pouvaient, dans des trains désaffectés, des bouts de tunnels ou des cabanons de fortune, fuyant sans cesse et ne parvenant jamais à s'installer nulle part.

Ils sont aujourd'hui des dizaines de milliers à vivre ainsi à Paris et sa banlieue et près de dans la détresse la plus inimaginable et le silence assourdissant et impuissant des pouvoirs publics.

Je suis à leurs côtés, à chaque fois que je le peux, à mon tout petit niveau, mais de toute mon âme.

Une dédicace spéciale aux résistants à la barbarie

C'est avec la biographie de Malala, cette jeune pakistanaise, militante pour le droit à l'éducation des femmes dans les pays où la religion les voudrait soumises et incultes, que je me suis rendu devant une école primaire du 18ème arrondissement de Paris.

Je n'ai pas choisi cette école au hasard. Des dizaines d'enfants juifs y ont été arrêtés entre 1942 et 1944 et ont été exterminés dans les camps de la mort par les barbares nazis, comme 700 gamins de Montmartre.

Malala, quant à elle, a été victime, à l'âge de 15 ans, d'autres barbares - islamistes ceux-là - qui lui ont tiré une balle dans la tête à la sortie de son école pour délit d'éducation et de culture.

Malala s'en est miraculeusement tiré. Elle est encore et toujours vivante et encore et toujours militante et résistante contre l'oppression et la soumission. Elle continue à se battre pour défendre les livres et le droit à l'éducation des femmes et des jeunes filles.

C'est sous la plaque dédiée aux 700 enfants juifs exterminés que j'ai déposé le livre de Malala. Comme le symbole de notre inlassable résistance, toutes et tous, quelles que soient nos âges, nos croyances, nos nationalités ou la couleur de notre peau!

Oui, continuons à résister inlassablement avec nos armes à nous!

Et, comme l'écrivait notre vieil ami Victor Hugo, “mettons des livres partout pour cultiver, vivifier, édifier, attendrir et apaiser“!

A partager le plus largement possible, mes amies et amis
Partager, c'est déjà agir.

Pierre Martial


Pierre MARTIAL
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