Le premier livre, je l'ai vu à l'aube de ce 14 novembre, quelques heures à peine après le drame, alors que j'étais revenu errer comme un survivant sur les lieux des crimes.
Il était à même le trottoir, entre trois bouquets de fleurs et une dizaine de bougies, 2 rue de la Fontaine-au-Roi, à gauche de la laverie automatique dont les débris de verre jonchaient encore le sol recouvert de sable pour tenter d'effacer les traces de l'horreur...
C'était “l'homme révolté” de Camus.
Les jours qui suivirent, des dizaines d'autres, de toutes formes et de tous auteurs, - en particulier “Paris est une fête” d'Hémingway - apparurent mystérieusement un peu partout, sur les lieux des massacres.
C'est ainsi que les livres, tous les livres, étaient en train de rejoindre la Résistance contre les barbares et les obscurantistes.
Il était à même le trottoir, entre trois bouquets de fleurs et une dizaine de bougies, 2 rue de la Fontaine-au-Roi, à gauche de la laverie automatique dont les débris de verre jonchaient encore le sol recouvert de sable pour tenter d'effacer les traces de l'horreur...
C'était “l'homme révolté” de Camus.
Les jours qui suivirent, des dizaines d'autres, de toutes formes et de tous auteurs, - en particulier “Paris est une fête” d'Hémingway - apparurent mystérieusement un peu partout, sur les lieux des massacres.
C'est ainsi que les livres, tous les livres, étaient en train de rejoindre la Résistance contre les barbares et les obscurantistes.
Paris et ses “idolâtres”, ses ”abominations” et ses ”fêtes de perversité”
C'est avant tout notre culture que les barbares veulent exterminer. Une culture qu'ils haïssent au plus profond d'eux-mêmes. Une culture qui les dérange, les choque et leur fait peur.
Notre musique d'abord, que "des centaines d'idôlatres se rassemblent pour écouter dans des fêtes de perversité” comme au Bataclan (extrait du communiqué officiel de revendication de Daech). Les “soldats du califat” ne tolèrent, quant à eux, que les chants religieux et les chants guerriers - ou nachîd -. A Raqqa, capitale actuelle de l'auto-proclamé califat de l'Etat Islamique, toute autre musique est formellement interdite. En écouter vous envoie directement en enfer, après être passé par la case décapitation.
Notre manière de vivre ensuite, femmes et hommes côte à côte. Dans un stade pour y célébrer le sport. Ou bien attablés au coude à coude aux terrasses des cafés pour y prendre un verre, y échanger convivialement et y rire comme on l'a toujours fait et comme on le fera encore et encore dans toutes les villes de France et en particulier à Paris, “cette capitale des abominations et de la perversion” (idem communiqué Daech).
Nos livres ensuite. Tous nos livres. Qu'ils aimeraient pouvoir brûler comme ils le font à chaque fois qu'ils prennent une nouvelle ville, comme à Mossoul, Palmyre et tant d'autres ou comme au célèbre marché aux livres de la rue Mutanabi à Bagdad qu'ils avaient - vainement - tenté d'éradiquer à jamais avec un camion piégé faisant 30 morts le 5 mars 2007.
Notre musique d'abord, que "des centaines d'idôlatres se rassemblent pour écouter dans des fêtes de perversité” comme au Bataclan (extrait du communiqué officiel de revendication de Daech). Les “soldats du califat” ne tolèrent, quant à eux, que les chants religieux et les chants guerriers - ou nachîd -. A Raqqa, capitale actuelle de l'auto-proclamé califat de l'Etat Islamique, toute autre musique est formellement interdite. En écouter vous envoie directement en enfer, après être passé par la case décapitation.
Notre manière de vivre ensuite, femmes et hommes côte à côte. Dans un stade pour y célébrer le sport. Ou bien attablés au coude à coude aux terrasses des cafés pour y prendre un verre, y échanger convivialement et y rire comme on l'a toujours fait et comme on le fera encore et encore dans toutes les villes de France et en particulier à Paris, “cette capitale des abominations et de la perversion” (idem communiqué Daech).
Nos livres ensuite. Tous nos livres. Qu'ils aimeraient pouvoir brûler comme ils le font à chaque fois qu'ils prennent une nouvelle ville, comme à Mossoul, Palmyre et tant d'autres ou comme au célèbre marché aux livres de la rue Mutanabi à Bagdad qu'ils avaient - vainement - tenté d'éradiquer à jamais avec un camion piégé faisant 30 morts le 5 mars 2007.
Camus, Hemingway, Montaigne et Voltaire debout à nos côtés!
“Je me révolte, écrit Camus, quand j'estime que l'homme en tant que tel, dont je suis un exemple, est attaqué“.
Je me révolte. Tu te révoltes. Il et elle se révolte. Nous nous révoltons contre ceux qui ont lâchement massacré 130 de nos soeurs et frères humains, innocents, civils et sans armes. Nous nous révoltons contre ceux qui voudraient nous soumettre, nous mettre à genoux, nous humilier, nous museler, nous imposer leurs règles, leurs croyances et leurs lois, quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent. Hier comme aujourd'hui. Aujourd'hui comme demain!
Camus est avec nous. Hémingway aussi, ce “mécréant" dont le livre “Paris est une fête” s'arrache en ce moment dans toutes les librairies françaises - 500 exemplaires se vendent chaque jour et Folio le réimprime en permanence -.
Voltaire n'est pas en reste avec son “Traité sur la tolérance” qui est devenu un best-seller après l'attentat contre Charlie-Hebdo.
Mais c'est aussi Montaigne, Erasme et Thomas More, écrivains de l'Humanisme, que l'on redécouvre et qui viennent à notre rescousse!
Et même Rabelais et son gargantuesque, sensuel et insatiable appétit de vivre!
Je me révolte. Tu te révoltes. Il et elle se révolte. Nous nous révoltons contre ceux qui ont lâchement massacré 130 de nos soeurs et frères humains, innocents, civils et sans armes. Nous nous révoltons contre ceux qui voudraient nous soumettre, nous mettre à genoux, nous humilier, nous museler, nous imposer leurs règles, leurs croyances et leurs lois, quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent. Hier comme aujourd'hui. Aujourd'hui comme demain!
Camus est avec nous. Hémingway aussi, ce “mécréant" dont le livre “Paris est une fête” s'arrache en ce moment dans toutes les librairies françaises - 500 exemplaires se vendent chaque jour et Folio le réimprime en permanence -.
Voltaire n'est pas en reste avec son “Traité sur la tolérance” qui est devenu un best-seller après l'attentat contre Charlie-Hebdo.
Mais c'est aussi Montaigne, Erasme et Thomas More, écrivains de l'Humanisme, que l'on redécouvre et qui viennent à notre rescousse!
Et même Rabelais et son gargantuesque, sensuel et insatiable appétit de vivre!
“Gracia a la vida” v/s ”Viva la muerte”
Non, vraiment, nos ”lumières” sont trop fortes et trop nombreuses pour pouvoir être réellement voilées par les obscurantistes. Et il leur faut être bien naïfs - ou bien instrumentalisés - pour penser que leurs bombes et leurs kalachnikoff suffiront pour exterminer la culture de liberté, de tolérance, de résistance et d'humanité de 67 millions de Françaises et de Français, toutes croyances et confessions confondues. Et, au-delà, de plusieurs milliards de citoyennes et citoyens d'un monde qui les rejette en bloc.
Tout comme les fascistes espagnols montaient à l'assaut des Républicains en 1936 en criant “Viva la muerte!“, les “soldats du califat” aiment la mort, affirment-ils.
Et, de fait, ils - les soldats, pas les chefs! - nous le prouvent chaque jour en mourant, ici et là, les uns après les autres, dans leurs attentats-suicides.
C'est “spectaculaire”, bien sûr. Et médiatique, forcément. Cela sème à la fois la mort et le “buzz”.
Pour autant, et vu le rapport de force de part et d'autres, il n'est guère difficile - et ces kamikazes devraient le comprendre !- de prédire qui, au final, va l'emporter...
Tout comme les fascistes espagnols montaient à l'assaut des Républicains en 1936 en criant “Viva la muerte!“, les “soldats du califat” aiment la mort, affirment-ils.
Et, de fait, ils - les soldats, pas les chefs! - nous le prouvent chaque jour en mourant, ici et là, les uns après les autres, dans leurs attentats-suicides.
C'est “spectaculaire”, bien sûr. Et médiatique, forcément. Cela sème à la fois la mort et le “buzz”.
Pour autant, et vu le rapport de force de part et d'autres, il n'est guère difficile - et ces kamikazes devraient le comprendre !- de prédire qui, au final, va l'emporter...
Nos livres, nos terrasses de café, nos salles de spectacles, nos fêtes...
Montaigne, écrivain de l'Humanisme, de la tolérance et de la liberté, concluait ses ”Essais” par ces mots: “Et donc, j'aime la vie”.
Comme lui, comme Hémingway, Camus, Voltaire et tant d'autres l'ont écrit, nous aussi, nous l'aimons. Comme nous aimons la liberté, l'amour, le respect et la fraternité universelle.
C'est ce qui fait notre différence d'avec les barbares.
Et notre indéniable force aussi.
Maintenant, sans perdre un seul instant, et quelles que soient nos croyances, la couleur de notre peau ou notre nationalité, sortons nos livres et brandissons-les bien haut, posons-nous ostensiblement aux terrasses des cafés, remplissons jusqu'à la dernière place nos salles de spectacle, nos théâtres, nos bibliothèques et tous nos lieux de fête et continuons, toutes et tous, à résister inlassablement à l'obscurantisme, sans haine et sans violence mais de toutes nos forces, en célébrant la vie, l'amour, la culture et les lumières!
Pierre MARTIAL
A partager le plus largement possible, mes amies et amis.
Partager, c'est déjà agir.
Comme lui, comme Hémingway, Camus, Voltaire et tant d'autres l'ont écrit, nous aussi, nous l'aimons. Comme nous aimons la liberté, l'amour, le respect et la fraternité universelle.
C'est ce qui fait notre différence d'avec les barbares.
Et notre indéniable force aussi.
Maintenant, sans perdre un seul instant, et quelles que soient nos croyances, la couleur de notre peau ou notre nationalité, sortons nos livres et brandissons-les bien haut, posons-nous ostensiblement aux terrasses des cafés, remplissons jusqu'à la dernière place nos salles de spectacle, nos théâtres, nos bibliothèques et tous nos lieux de fête et continuons, toutes et tous, à résister inlassablement à l'obscurantisme, sans haine et sans violence mais de toutes nos forces, en célébrant la vie, l'amour, la culture et les lumières!
Pierre MARTIAL
A partager le plus largement possible, mes amies et amis.
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